Vendanges 2024 : une année difficile due aux aléas climatiques
Un début de vendanges plus tardif
En 2024, les vendanges ont débuté début septembre, marquant un retour à un calendrier plus conventionnel, après plusieurs années de récoltes précoces (en réponse à des étés particulièrement chauds et à des sécheresses). Ce phénomène peut être attribué à plusieurs facteurs, notamment les conditions climatiques. Les températures plus clémentes au printemps et les précipitations durant l’été ont favorisé une maturation plus lente des raisins, permettant ainsi aux vignerons de récolter à un moment où la qualité des fruits est généralement optimale.
Les aléas climatiques impactant les vignobles
Les vignerons français font face à des aléas climatiques de plus en plus fréquents et sévères et chaque région viticole de France présente des défis uniques.
La sécheresse, notamment dans le Languedoc-Roussillon, a généré des effets dévastateurs sur les vignobles. Ce phénomène entraîne une réduction significative des réserves d'eau dans le sol, ce qui entraine une baisse des rendements et peut altérer la maturation des raisins, affectant ainsi leur qualité. Les viticulteurs doivent adopter de nouvelles pratiques agricoles pour préserver l'humidité du sol, telles que la gestion ciblée des ressources en eau et la sélection de cépages plus résistants à la chaleur.
Les gelées tardives, qui se sont intensifiées ces dernières années, posent un défi majeur pour des régions comme le Beaujolais et Cahors, où près de 80 à 90 % des vignes sont impactées. Les températures qui chutent de manière inattendue peuvent endommager les bourgeons de vigne, entraînant une diminution du rendement des récoltes. Les viticulteurs se retrouvent contraints de réévaluer leurs stratégies de protection et d'envisager la plantation de variétés moins sensibles au froid. L'impact de ces événements climatiques n'est pas seulement quantitatif ; il touche également la qualité du vin produit. Les raisins touchés par le gel présentent souvent des niveaux de sucre et d'acidité altérés, ce qui influence le goût final du vin.
La grêle représente un danger redouté, particulièrement dans des régions réputées pour leur excellence viticole comme la Champagne et le Médoc. Les tempêtes de grêle, qui peuvent survenir soudainement, sont capables de détruire en une seule nuit des vignes entières, provoquant ainsi des pertes financières considérables pour les producteurs. En réaction, de nombreux viticulteurs investissent dans des systèmes de protection, tels que des filets anti-grêle, pour minimiser les dégâts.
Enfin, le Val de Loire fait face à des défis majeurs en raison des conditions climatiques humides des dernières saisons. Les pluies excessives qui se sont intensifiées ont provoqué une saturation des sols, nuisant à la santé des vignes. Les vignobles, souvent en proie à une gestion délicate des ressources en eau, se retrouvent dans une situation où les excès d'humidité compromettent non seulement la récolte mais également la qualité des raisins produits.
Les autres défis : ver de grappe, oïdium, black-rot et mildiou
Un ennemi redouté dans le Bordelais est le ver de grappe, un insecte qui se nourrit des raisins en formation, altérant leur qualité et réduisant ainsi le rendement des récoltes. Pour lutter contre cette menace, les viticulteurs adoptent des pratiques de culture raisonnées, surveillant attentivement les populations de ce nuisible et, si nécessaire, recourant à des traitements ciblés. Cette approche permet de préserver l’intégrité des récoltes tout en tenant compte des enjeux environnementaux actuels.
A cause de l'humidité, des maladies cryptogamiques telles que le mildiou, la black rot (pourriture noire) et l'oïdium, trois champignons qui prospèrent dans un environnement humide, ont proliféré. Le mildiou constitue une menace persistante pour les vignes dans de nombreuses régions viticoles et peut provoquer d'importantes pertes de rendement en cas d’infection massive. Pour limiter son impact, les vignerons mettent en œuvre une stratégie préventive, incluant des traitements bio et une rotation des cultures et la mise en place de systèmes de drainage. De plus, certaines techniques culturales, comme la taille appropriée et la gestion de la canopée, sont mises en avant pour favoriser une meilleure circulation de l'air et réduire l'humidité à la base des plants.
Une régression attendue dans la production viticole
Alors que la France était passée 1er producteur mondial de vin devant l’Espagne et l’Italie en 2023, le ministère de l’Agriculture indique des vendanges « attendues en baisse dans presque tous les bassins viticoles », en recul de 18% sur un an. Cette diminution de la production pourrait avoir des répercussions économiques notables sur l'industrie viticole. Les viticulteurs, déjà éprouvés par plusieurs saisons difficiles, pourraient se retrouver en difficulté financière, nécessitant des adaptations dans la gestion des cultures ou même des restructurations au sein de leurs exploitations. Certains viticulteurs ont ainsi vendangé en famille, voire n'ont pas vendangé, faute de parcelles exploitables cette année.
La montée des températures, les événements météorologiques extrêmes et la variation des saisons nécessitent une adaptation urgente des pratiques viticoles existantes. Parmi les adaptations possibles, l'utilisation de cépages plus résistants et adaptés aux nouvelles conditions climatiques est de plus en plus courante. Ce choix stratégique permettrait non seulement d'augmenter la résilience des vignobles face aux aléas météorologiques, mais aussi de répondre à la demande croissante des consommateurs pour des vins innovants. De plus, des techniques agricoles telles que la viticulture biologique ou biodynamique se révèlent être des alternatives viables pour améliorer la durabilité des vignobles tout en respectant l'environnement.